vendredi 30 novembre 2007

SANMAUR et WEMOTACI en 1913

Ma mère, Maizy Lee, à Wemotaci, au printemps 1953. D'habitude sauvage, ma mère, qui se mêlait rarement aux autres résidants de Sanmaur, aimait rencontrer les Amérindiens, qu'elle appelait
Ma mère, Maizy Lee Cantin (1917-2005), à Wemotaci, printemps 1953.
Photo : Léopold Lacasse.

D'habitude sauvage, très peu portée à rechercher la compagnie d'autres gens que ses proches immédiats, Maizy ne fréquentait que deux ou trois femmes de Sanmaur : madame Albert Lesage, Mariette Bertrand-Beaupré et l'épouse de Gaston Pothier, le restaurateur de l'endroit. Chose surprenant, elle avait de l'empathie pour les Amérindiens, qu'elle appelait "kawiches", sans véritablement connaître la connotation péjorative du terme.

WEMOTACI, 1953. Ma mère, Maizy Lee, et mon père, Émile Cantin. Nous sommes souvent allés  de l'autre côté de la rivière, face à Sanmaur, à la réserve. Curieusement, ma mère parlait de Manouane. À la gauche de ma mère, l'institutrice de la réserve. Photo de Léopold Lacasse.
WEMOTACI, 1953. Ma mère, Maizy Lee, et mon père, Émile Cantin.
Photo: Léopold Lacasse



Nous sommes souvent allés de l'autre côté de la rivière, face à Sanmaur, à la réserve. Curieusement, ma mère parlait de Manouane. À la gauche de ma mère, Blanche Savard, l'institutrice de la réserve.

Cette photo de Corbeil et de Guinard m'a été fournie par Micheline Raîche Roy. A-t-elle été prise à la réserve Manawan (Manouane) ou à Wemotaci ? Elle doit dater de 1920.
Cette photo d'Eugène Corbeil et de Joseph-Étienne Guinard m'a été aimablement prêtée par une amie de Saint-Élie-de-Caxton, originaire de La Tuque, Micheline Raîche Roy. A-t-elle été prise à la réserve Manawan (Manouane) ou à Wemotaci ? Elle doit dater de 1920 environ.
[En examinant d'autres photos de ce temple, il y a lieu de croire que c'est plutôt la chapelle d'Obidjuan. (PC - 12 avril 2008)]

Quelques excursionnistes, devant le presbytère de La Tuque. Photo tirée du livre de Joyal. On est loin du compte des 85 voyageurs, tel que précisé dans le texte.
Quelques excursionnistes, devant le presbytère de La Tuque. Photo tirée du livre de Joyal. On est loin du compte des 85 voyageurs ecclésiastiques, tel que précisé dans le texte.

Page de couverture des mémoires de Guinard, édition de Serge Bouchard. Latulippe, Corbeil et sans doute Joyal.
Illustration partielle de la page de couverture des mémoires de Guinard, édition de Serge Bouchard (1980). Guinard et Corbeil, bons larrons, à la droite de l'évêque Latulippe.

Énigmatique photo : quelles sont les raisons qui motivent cette "exclusivité" de poser seuls avec le patron? Où sont les autres ecclésiastiques qui accompagnaient le pourpre ceinturon dans son périple haut-mauricien, en 1913?


Portrait de Corbeil, vers 1913, extrait de l'opuscule de Joyal.
Portrait d'Eugène Corbeil, curé de La Tuque, vers 1913,
extrait de l'opuscule de Joyal.


Visite du prélat Latulippe à Wemotaci, en juillet 1913.
Visite du prélat Latulippe à Wemotaci, en juillet 1913.



Jugement de l'oblat Guéguen, tiré de l'ouvrage de Joyal.
Jugement de l'oblat français Jean-Pierre Guéguen sur le Tête-de-Boule, ou " Quand le missionnaire se fait anthopologue et sombre dans la turpitude!". Tiré de l'ouvrage de Joyal.



Plus de la moitié de l'essai de Joyal se compose d'une étude sur les Attikameks. Un simple prêtre, diplômé en théologie,  qui se prenait pour un ethnologue, un anthropologue, voire un psychologue.
Plus de la moitié de l'essai de Joyal se compose d'une étude sur les Attikameks. Simple prêtre, petit bachelier "diplômé" en théologie, l'essayiste est le prototype même de ces curés qui savaient tout, avaient réponse à tout et pensaient pour le bon peuple. Facile, à l'époque de jouer à l'ethnologue, à l'anthropologue, voire au psychologue patenté.

Wemotaci, juillet 1913. Les excursionnistes sur la Saint-Maurice.
Wemotaci, juillet 1913. Les excursionnistes sur la Saint-Maurice,
à la hauteur de ce qui deviendra Sanmaur.

Y apercevez-vous vraiment 85 ecclésiastiques ou y distingueriez-vous plutôt de nombreux Têtes-de-Boule déguisés en clergymen?

Page de titre de l'ouvrage de Joyal. 1915
Page de titre de l'ouvrage de Joyal. 1915

WEMOTACI - La chapelle, sans doute vers 1925.

Vue de la réserve amérindienne de Wemotaci, juillet 1913, lors de la visite de Latulippe.
Vue de la réserve amérindienne de Wemotaci, juillet 1913, lors de la visite d'Élie Latulippe, vicaire apostolique du Témiscamingue.


Étienne Guinard, missionnaire oblat, vers 1890.
Étienne Guinard, missionnaire oblat, vers 1890.


Les «sources primaires», voilà ce sur quoi devrait reposer toute recherche historique sérieuse, nous répétait Jacques Lacoursière, cet extraordinaire vulgarisateur, un des profs de ma seconde classe de Rhétorique, au Séminaire Saint-Joseph, à Trois-Rivières, mon Alma Mater, mieux connu sous le sigle «STR», en 1962-1963. L’année précédente, à ma première Rhétorique, que j’avais échouée par quelques points, j’avais eu comme prof d’histoire Louis Martel, qui deviendra le préfet des études, qui nous lisait son manuel, plutôt drabe**, publié avec son frère en religion, Hermann Plante, qui, lui, nous enseignait l’éloquence. «Redoubler» mon année, comme on disait à l’époque, aura eu ses avantages : les cours de Lacoursière. Mieux, celui-ci nous amenait aux archives du Séminaire, question d’y faire des recherches destinées à la rédaction d’un journal innovateur, Boréal Express, qu’il lança, si je me souviens bien, avec Denis Vaugeois, autre historien trifluvien de haut calibre.

Lesdites archives recelaient un précieux manuscrit, fort utile pour connaître les débuts des activités des Blancs à Sanmaur : celui des mémoires du missionnaire Étienne Guinard, édités et publiés, quelque quinze ans plus tard, par un autre magnifique vulgarisateur et communicateur, l’anthropologue Serge Bouchard, sous le titre Mémoires d’un simple missionnaire, le père Joseph-Étienne Guinard, o.m.i. (Québec, Ministère des Affaires culturelles, collection «Civilisation du Québec», 1980).

Sur la page de couverture, une belle photo de groupe, prise à Wemotaci, en 1913, à l’occasion de la visite épiscopale, chez les Têtes-de-Boule, d’Élie-Anicet Latulippe (1859-1922), le vicaire apostolique du Témiscamingue, qui sera le premier évêque de Haileybury. Ce territoire d’évangélisation était sous sa juridiction.

Bien sûr, la photo montre Latulippe, entourés d’Amérindiens de la réserve, mais le personnage lié à la rédaction de mon carnet qui y figure, c’est le gargantuesque curé fondateur de La Tuque, Eugène Corbeil, posant à la droite du prélat. C’est lui l’instigateur de ce qui aura été le premier voyage organisé dans ce coin du pays québécois! L’agent de voyage improvisé, aidé de son confrère de Saint-Thècle, Maxime Masson, a réussi à amener à Wemotaci près d’une cinquantaine de ses collègues pour accompagner Latulippe. À sa droite, un autre membre du clergé, également digne d’intérêt : un oblat, peut-être Arthur Joyal (1883-1962), qui rapportera de cette expédition la matière d’un petit livre, Excursion sacerdotale chez les Têtes-de-Boule. Je ne saurais en être sûr : il faudrait comparer son faciès à celui qui est sur la photo de groupe, prise à La Tuque; il se trouve, de nouveau, à la droite de Corbeil. À la gauche de ce dernier, son frère Sylvio, principal de l'École normale de Hull.

C’est une amie, Micheline Raîche Roy, originaire de La Tuque, arrivée en ce bas monde par les bons soins de Max Comtois, un médecin en voie de devenir célèbre par ses mémoires mis en ligne, il y a quelques années. La page des visiteurs de ce très beau site s’avère une excellente courroie de transmission d’adresses de courriels d’anciens résidants des pays d’en-haut (http://drcomtois.situs.qc.ca/intro.html), qui m’a fait cadeau de l’opuscule de Joyal.

C'est d'ailleurs grâce à cette page de commentaires que Micheline et moi avons fait connaissance. L’enchevêtrement des événements ne s’arrête pas là. Autre lien avec mon propos : Micheline a en sa possession une collection de cartes postales et d’écrits de Corbeil, reçue de sa tante, Éliane Bergeron, qui fut la secrétaire du curé fondateur de La Tuque. Documentation importante pour connaître notre agent de voyage, personnage capital de la vie sociale et politique de la reine de la Haute-Mauricie, titre quelque peu contestable, car la ville est située … en Moyenne-Mauricie. Sans doute ne faudrait-il parler de Haute-Mauricie qu'à partir de Rapide-Blanc!

Long préambule pour en arriver à ce bref passage de Joyal, lequel fait le pont avec mes pages précédentes sur l’origine du toponyme de Sanmaur: «Vers midi, écrit-il, nous descendons à la gare Manawan où nous attend toute une équipe de sauvages…» Remarquez l'absence de préposition. Où était situé ce bâtiment? Sur la rive droite de la Saint-Maurice? Sur la gauche? La voie ferrée du Transcontinental vient à peine d'arriver en ces lieux. Y avait-il déjà une gare à Weymont, sur la rive droite ?

Au bas de la page 9 de son petit livre, Joyal a placé cette note: " Manawan signifie 'rivière aux oeufs'; Kikendatch, 'anse au gros Cyprès', et Wémontashing, 'lieu d'où l'on voit beau et loin'. Ce dernier nom a subi toute une série de modifications dont la moins heureuse est Weymont!". J'ai respecté la graphie et la ponctuation de l'auteur. On parle encore aujourd'hui du pont ferroviaire de Weymont, seul lien, jusqu'à 1995, entre les deux rives, à la hauteur de Wemotaci, emprunté par les piétons et les motoneiges. J'y reviendrai.

Ainsi donc le nom de SANMAUR n’existe pas encore en 1913. Me faudra-t-il donc me rendre à l’évidence? Tout simplement accepter, faute de temps pour remonter à des sources primaires pour me renseigner davantage, l’explication fournie par «TOPOS SUR LE WEB – Noms et lieux du Québec» : le toponyme pourrait bien être, en effet, la contraction de «Saint-Maurice»! J’aimerais bien mettre la patte sur les archives de la Fraser-Brace dont les grands travaux de construction sont répartis un peu partout au Québec et en Ontario.


Notes – Luc Gauvreau, l’architecte et maître d’oeuvre d’un splendide site consacré à l’écrivain mauricien Jacques Ferron (1921-1985), http://www.ecrivain.net/ferron/, m’a montré comment greffer des légendes à mes illustrations. Voilà qui me permettra d’allonger mon propos, comme si ce n’était pas déjà fait! Sans compter que trois anciens Sanmauriens m’ont fait parvenir un grand nombre de photos, de quoi alimenter mon carnet pour les mois à venir. Faites glisser le curseur sur la photo pour en lire la légende.
Le lien avec Ferron? C’est de la Brown Corporation que notre écrivain national achètera sa première maison, en 1946, à Rivière-Madeleine, où il pratiquait la médecine. La compagnie y avait fait construire une centrale hydro-électrique sur la Madeleine. C’est ainsi que le village sera le premier, en Gaspésie, à accéder à cette commodité citadine. La Brown avait également aménagé une voie ferrée qui servait au transport du bois de pulpe au fleuve. Elle partait de la chute dite du « Grand Saut », sur la rivière. Il en reste des vestiges.

Parus d’abord dans les Annales du Très-Saint-Rosaire, de mars 1914 à janvier 1915, les propos de Joyal deviennent un livre en 1915. Il était le directeur de ce périodique. Son ouvrage contient une mine de renseignements sur l’histoire de Wemotaci et des Amérindiens de la région.

Devenu quasi introuvable, on peut cependant consulter l’ouvrage de Bouchard en ligne à cette adresse : http://www.ourroots.ca/. Beaucoup d’autres ouvrages, bien indexés, s'y trouvent. Ils fournissent des renseignements parfois inédits sur Sanmaur et la Haute-Mauricie. Coïncidence : c’est à la suggestion d’Hermann Plante que l’anthropologue entreprendra l’édition des mémoires de Guinard. Plante est l’auteur, entre autres ouvrages, d’une étude fort bien documentée : Saint-Justin, foyer de sérénité rurale, accessible sur ce le même site.

Sur les belles réalisations du Shawiniganais Lacoursière, enfin récompensé, voir cette page Internet : http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/recherche/desclaureat.asp?noLaureat=358.

** Je suis bien sévère à son endroit. Comme la plupart de mes autres profs au STR, c'était un être cultivé, intéressant. La tactique de l’abbé historien était bien légitime : je ferai de même, une vingtaine d'années plus tard, avec mes cégépiens et mes cégépiennes. Ils durent acheter les œuvres de Jacques Ferron dont j’avais dirigé l’édition : L’amélanchier, Le Saint-Élias, La conférence inachevée, entre autres ouvrages publiés par Jacques Lanctôt! Bref, prêcher pour sa propre paroisse, favoriser l’augmentation du produit intérieur brut!

dimanche 25 novembre 2007

SANMAUR – LE TOPONYME (ter)

Sanmaur - L'école, le presbytère, l'église, le magasin Thériault, fin d'apràs-midi d'hiver, vers 1953. Photo aimablement retouchée par Paul-Émile Larivière








SANMAUR – LE TOPONYME (ter)

J’ai fouillé vaguement dans ma collection de dictionnaires et j’y ai trouvé deux occurrences du toponyme SANMAUR. Les notices sont de Jean-Jacques Lefebvre (1905-1992), que la préface du Dictionnaire Larousse complet, édition canadienne de 1954, présente comme « lexicologue », « archiviste au Palais de Justice de Montréal, vice-président de la Société historique et de la Société archéologique de Montréal, auteur de nombreuses études d’histoire ». L’entrée sur SANMAUR renvoie curieusement à Saint-Hippolyte-de-La-Croche, où le lecteur n’y apprend pas grand-chose de plus.

Petit aparté - Dans les années 1950, le curé Rainville, de La Croche, petit village sis à une vingtaine de kilomètres au nord de La Tuque, recevait fréquemment la visite de son collègue de Sanmaur, Léopold Lacasse, une énergique organisateur de paroisses, une espèce de curé Corbeil, mais faisant dans le lobbying intensif auprès des multinationales! Il fallait voir le luxe des décorations de son église, la paroisse Saint-Gabriel-Lalemant, nom de ce jésuite que les méchants Iroquois ont occis en 1649, un siècle, à trois années près, avant son camarade de soutane Jacques Buteux. J’ai hérité d’une centaine de photos de Lacasse, un excellent photographe. Je reviendrai sur le personnage qui fit trois quatre voyages avec mes parents dans ces mêmes années.

Les deux notices de Lefebvre seront intégralement reprises dans des éditions subséquentes du Larousse et dans le Dictionnaire Beauchemin canadien, édition de 1968 : Sanmaur y trouvera une certaine pérennité.

PHOTOS – Une vue de la partie de Sanmaur, occupée par les propagandistes du catholicisme romain et québécois alors à son apogée, prise en fin d’après, montre l’école, le presbytère et l’église, et, au centre, à l'arrière-plan, les « maisons neuves » des cols blancs de la Brown Corporation, puis ce que je crois être le magasin Thériault. La photo ne rend toutefois pas justice au talent de Lacasse…

La grotte mariale, tout près de l’école, me rappelle Jean-Pierre Ricard, qui a habité Sanmaur un peu plus longtemps que moi, fut érigée en 1950, par le frère Auger. Quelqu’un saurait-il me donner le prénom de cet être doux, timide? Un type effacé et, comme tous ceux de son rang au sein d’une communauté religieuse, entièrement dévoué au service du prêtre, le manitou [manie tout !] de la paroisse.

Photos : Léopold Lacasse

SANMAUR – LE TOPONYME (bis)



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SANMAUR - LE TOPONYME (bis)

Mes recherches sur les origines du nom SANMAUR demeurent pour l’instant bien fragmentaires.

Dans son premier roman, intitulé SANMAUR, l’auteure, Normande Élie, native de La Tuque, affirme que le toponyme serait d’origine amérindienne. Il ne figure toutefois pas dans la nomenclature de l’ouvrage, assez bien documenté et fouillé, de l’oblat Joseph-Étienne Guinard, LES NOMS INDIENS DE MON PAYS. LEUR SIGNIFICATION. LEUR HISTOIRE (Montréal, Rayonnement, [1960], 198 pages). L’article consacré à WEMOTACI (Weymontachique et Wemontaching) livre quelques détails sur cette réserve habitée par ceux et celles qu’on a longtemps appelés « Têtes-de-Boule ». Guinard y rappelle que le jésuite Jacques Buteux avait été le premier missionnaire, en 1651, à se rendre à ce lieu dont l’histoire, à partir du vingtième siècle, sera liée à celle de Sanmaur.

NOTE
"L'Institut linguistique Atikamekw-Wasihakan du Conseil de la nation Atikamekw a rejeté au début des années 1970 le nom français Tête-de-Boule (du nom d'un poisson, cyprinidé : Pimephales promelas) pour prendre comme nom de peuple l'équivalent endogène de ce nom, celui d'Atikamekw (poisson blanc) ainsi orthographié. Cette forme est le plus souvent utilisée dans les textes administratifs en français et en anglais.
De son côté, conformément au principe de l'intégration phonétique, graphique et grammaticale des formes étrangères empruntées en français, l'Office québécois de la langue française privilégie la forme francisée Attikamek en évitant la finale kw, inusitée en français. […]
La forme francisée Atticamègue (ou Attikamègue), plus rarement attestée aujourd'hui, demeure une forme historique utile mais ne peut être privilégiée puisqu'elle pourrait désigner, selon certains spécialistes, un autre groupe amérindien que celui des Attikameks."

(Extrait de l’article « du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française : http://www.granddictionnaire.com/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp)


Outre-Outaouais, TERMIUM préconise l'usage des termes "Atikamek", en français, et "Attikamek" en anglais !


PHOTOS - Reproduction de la page de couverture du roman de Normande Élie, paru en 1975, à Montréal, aux éditions de Lagrave, dans la collection « Tendresse ». L’ouvrage évoque brièvement le village, l’intrigue se situant surtout au barrage C, sur la rivière Manouane, à La Tuque et à Trois-Rivières.

Le graphisme de la page de couverture du roman est de Normand Lefebvre.

Le barrage C, photographié les 3 et 4 novembre 2007. Les deux maisons évoquées par Normande Élie dans son récit sont toujours là, bellement rénovées par Hydro-Québec. Le barrage C est situé tout près de l’embouchure de la rivière.

Photos de Pierre Cantin

vendredi 23 novembre 2007

LES DÉPOTS CHAUDIÈRE ET SANMAUR











CHAUDIÈRE – SANMAUR – LA HAUTE-MAURICIE

Voici ce que j’avais d'abord rédigé en guise de texte liminaire à mon carnet sanmaurien et égaré dans mon capharnaüm informatisé.

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J’ai passé une partie de mon enfance au dépôt Chaudière et à Sanmaur, un petit village « de compagnie » établi, au début du siècle dernier, au confluent des rivières Saint-Maurice et Manouane, au point milliaire 71,10 de la ligne ferroviaire du Canadien National, à environ 115 kilomètres au nord-ouest de La Tuque.

À la contemplation (c’est le terme…) des nombreuses photos que ma mère, Maizy Lee, a faites de mes frères et moi à cette époque, j’aime à croire que cette période en fut une d’enchantement. En effet, je n’ai guère de souvenirs factuels de l’époque. Ainsi, je ne me souviens, mais de façon bien incomplète, que de la géographie immédiate des lieux où ma famille habitait. Très peu d’anecdotes, d’événements se sont logés dans ma mémoire.

De ce Sanmaur jadis très animé, où je suis retourné, le 21 mai 2006, il ne reste que très peu de vestiges. Le plus visible demeure le presbytère, devenu imposant malgré lui dans ce décor à peu près dénudé, aux grandes étendues de gravier, de sable. Au moment de mon passage, il s’annonçait comme un dépanneur. On pouvait y manger, y dormir. La plupart des cloisons du rez-de-chaussée avaient été abattues. Détail intéressant, il y avait, accrochée à l’un des murs, trois photos, sous plastique, du Sanmaur du milieu des années 1940. À une centaine de mètres, en direction de la Manouane, autre rappel de la présence de l’Église, l’imposante grotte, érigée en 1950, pendant l’année mariale décrétée par Rome, semble indestructible. Il n’y manque que la statue installée par le curé Léopold Lacasse. Entre la grotte et l’ancien presbytère, un bungalow a été juché sur la fondation de l’ancienne école.

Plus loin, une fois descendu la minuscule pente menant au « secteur » Manouane, on aperçoit, de l’autre côté de la voie du Canadien National, intact, le bâtiment qui servait de quartiers aux employés de la St. Maurice Forest Protective Association. Revampée, la construction est devenue une auberge. Justement, son jeune proprio déjeunait au dépanneur quand mes frères et moi y sommes passés.

On parcourant le secteur occupé naguère par la Brown, on découvre, ici et là, les traces de quelques-unes des anciennes installations de la « compagnie » : assises de béton de différents bâtiments utilisés comme écurie, garage, entrepôts, structure en métal des réservoirs d’essence. Des résidences confortables logeant les familles des employés de bureau, on ne trouve que deux fondations les restes de deux duplex habités à l’époque, il me semble bien, et si mon souvenir est bon, par les familles Bouchard, Ricard et Ross. S'y entassent toutes sortes de débris laissé là après la démolition. Le panneau d'une pompe à essence, des barils rouillés et autres objets rappellent l’emplacement, à l’est, des réservoirs d’essence et de mazout. Un bref tronçon de la voie de garage, jadis parallèle au long entrepôt recouvert de tôle où travaillait mon père et qu’on appelait alors le « store », repose toujours sur ce sol de gravier et de sable. Au pied du nouveau pont à une voie qui mène à Wemotaci, réserve modernisée et blanchie, des bouts de rails où on sortait les bateaux de l’eau et toutes sortes de morceau de métal rouillé.
Surprise, j’ai retrouvé, intactes, bien conservées et solidement ancrées dans le béton, les deux solides tiges de fer qui servaient à suspendre le filet du jeu de tennis. Le treuil pour tendre le fil de cuivre supportant le filet, à peine rouillé, était toujours fixé à l’une d’elles. J’ai détaché ce fil, l’ai rapporté en guise d’artéfact, un objet qui n’aurait pas trouvé sa niche dans un musée ! Mon frère Jean a photographié l’opération.

J’ai rapidement repéré le petit ruisseau, qui constituait en quelque sorte la frontière ouest de l’univers strictement brownien, la zone habitée par les « gens » de la Brown. Nous passions sur ce ruisseau quatre fois par jour pour nous rendre à l’école, à l’église, pour aller assister à la projection d’un film et …au restaurant de Gaston Pothier. Nous nous y arrêtions souvent, mon frère Robert et moi pour y jouer. Son cours n’avait pas changé. Les aulnes y sont plus serrés, bien sûr, plus visibles, me semble-t-il.

Mon blogue se veut une commémoration, bien partielle, je le regrette, de cette époque. J’ai déjà rapaillé plusieurs photos des lieux et des gens qui ont animé ce village quasi mythique. J’ai l’intention de rencontrer d’anciens résidants pour en arriver à remplir les trous de ma mémoire et faire en sorte que l’on retienne quelques éléments historiques de ce microcosme qui m’apparaît, à un demi-siècle de distance comme une espèce de paradis perdu. Mais je me trompe peut-être : l’enfance est-elle vraiment ce paradis qu’on se plaît à imaginer ?

PHOTOS – Deux vues du presbytère, prises le 21 mai 2006, par mon frère Jean et moi, et une de la grotte. Je pose dans l'espace où était célébrée la messe, je crois bien. Pour remplacer la Marie-Immaculée originelle de Léopold Lacasse, il m'aurait fallu grimper dans la niche.


Note – Les archivistes de la Brown Corporation utilisaient l’expression Sanmaur Depot pour désigner l’endroit. Ce dernier terme n’a pas tout à fait ce sens en français, ou du moins il est plus réducteur. Avant de parler de Sanmaur, il me faudra m'attarder à Chaudière, quelque 50 kilomètres en amont, sur la rive de la Saint-Maurice. Ma mère disait toujours "monter au Chaudière" ! Ce "masculin" était aussi appliqué à la rivière : "Le Saint-Maurice", entendait-on. C'est encore le cas bien souvent en Mauricie, sans doute parce ce cours d'eau a la majesté d'un fleuve...

mercredi 21 novembre 2007

SANMAUR : UN RICHE MICROCOSME


J’aurai bien fait de m’ouvrir la trappe béante, de propager la nouvelle du lancement de ce carnet que j’annonçais depuis des années. Voilà qu’une résidante de mon village d’enfance réussit à m'émouvoir en me faisant parvenir ce texte , que, nul; que je suis en informatique, je n’arrive pas à faire passer dans la section des commentaires. Tant pis, je triche un peur et je le glisse, intégralement, dans le présent message.

Gigantesque merci, Lyne, et patience, les réminiscences liées à notre quotidien ludique du Sanmaur d’antan trouveront bientôt leur écho et leur illustration ici.

Note - C’est moi qui ai installé les guillemets, les initiaux et les finaux ! Question de rendre à Césarine ce qui est à Césarine.

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« Bonjour à toi, homme de courage !

Je te regarde aller avec tes écrits, tant dans le site de la Brown que dans ton carnet sur Sanmaur, et je constate à quel point tu es en premier un homme de rigueur! Cela demande toute une discipline!
Je te lève mon chapeau ! On croirait un étudiant en histo-géo-socio en train de faire sa thèse de doctorat...

En ce qui me concerne, je te suivrai régulièrement, suspendue à tes mots, à tes pages, à tes chapitres... J'ai particulièrement hâte de voir ton traitement de la partie sociale, puisque c'est elle qui nous a forgé tant de bons souvenirs (peut-être de moins bons pour nos parents) dans cette micro société de l'époque, cette bulle presque hermétique que constituait le village de Sanmaur.

Je dis et j'écris Sanmaur car, sur mon baptistère, je suis de Sanmaur et non de Sammaur.
L'important est ce qui y a été vécu dans, par et entre chacune des familles, ainsi que la part des employeurs et des ‘missionnaires oblats‘ pour faciliter et rendre plus agréables nos vies isolées du reste du monde... Car, faut le dire, mon père, natif de Québec, et y ayant vécu 36 ans, vivait , à Windigo et ensuite à Sanmaur, un exil forcé... Il en a probablement été de même pour beaucoup de nos parents... N'eussent été de tous les ‘accommodements’, nos familles n'auraient pas passé une décennie en ‘terres de missions’ et les souvenirs des enfants d'Alfred et de Mariette seraient peut-être moins riches et, je crois, moins formateurs... Nous, les enfants Beaupré, sommes unanimes à dire que Sanmaur nous a forgés comme possiblement aucune autre place n'aurait pu le faire...

J'ai aussi hâte de voir, dans ton carnet, les réactions, les récits des enfants Cantin-Lacasse-Doré-Ross-Ricard-Gaudreau(lt ?)-Durand, etc., qui y ont vécu à la même époque que nous et avec lesquels on échangeait beaucoup plus que des poux, des microbes, des maladies contagieuses...

Je me mets à espérer que tes écrits seront lus et enrichis de tellement de témoignages, qu'ils auront un impact tel que la renommée de ton carnet sur Sanmaur fera le tour du Québec et, pourquoi pas, de la planète... Peut-être aussi permettra-t-il un jour de réunir les ‘héritiers’ de Sanmaur comme un Rassemblement des Anciens qui auront plein de souvenirs à partager !
À défaut de... j'espère les lire sur ton site.

Bravo pour ton travail !

Merci pour l'occasion qui nous est donnée de nous souvenir !

Lyne Beaupré

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PHOTO – La Saint-Maurice à la hauteur de Sanmaur et de Wemotaci, le 21 mai 2006, vers midi. En amont du pont routier. Photo de Pierre Cantin.

mardi 20 novembre 2007

SANMAUR : ORIGINE DU TOPONYME


SANMAUR ou SAMMAUR

SANMAUR – Personne ne semble connaître l’origine du toponyme. Selon certaines sources, il serait une déformation de SAINT-MAURICE, contraction phonétique causée par la difficulté éprouvée par les anglophones de l’époque à prononcer le nom de la majestueuse rivière. L’explication m’apparaît bien discutable, car les deux mots faisaient partie de leur vocabulaire. On est loin de la création du néologisme Vandoos– prononcé « vannedouze » –, surnom apparu dans le jargon des militaires anglophones pour désigner affectueusement les membres du Royal 22e Régiment. C’est ainsi que le terme, nullement péjoratif, s’est imposé graduellement au sein des Forces armées canadiennes, jusqu’à être intégré à la base de données TERMIUM, principale référence des traducteurs et traductrices du pays, administrée par le très sérieux ministère Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, à laquelle, ma profession de réviseur m’y obligeant, je suis abonné… Au singulier, un vandoo désigne donc, en anglais, of course, un soldat du 22e Régiment.

À plusieurs reprises, dans ses mémoires, le missionnaire oblat Joseph-Étienne Guinard (1864-1965), écrit SAMMAUR. Cette graphie particulière est reprise dans quelques sites Internet référant au roman de Normande Élie, Sanmaur, paru en 1975. Il y a lieu de penser qu’il s’agit là d’une simple erreur de transcription. Je reviendrai sur cet énigmatique toponyme qu’on retrouve aussi en France et dans certaines langues. C’est aussi le nom d’une rue, quelque part en Louisiane!

La photo illustre l’enseigne de la gare de Sanmaur, démolie, semble-t-il, dans les années 1970. Pas très réussie, je l’avoue, et pour cause, je l’ai captée, à main levée, à partir de l’écran du téléviseur familial tandis qu’y défilait un petit film tourné dans ce village en 1956. Le film montre , entre autres, ne scène dont je me rappelle bien : des bûcherons, tout juste descendus du train de nuit du Canadien National, le « montant », disions-nous, attendent, près d’un autocar, l’ouverture du « main office », pour s’engager au service de la Canadian International Paper, qui vient d’acheter l’usine de la Brown Corporation, à La Tuque, et hérité de ce fait de ses concessions en Haute-Mauricie. Le film, une réalisation de la télévision de Radio-Canada, m’avait été envoyé par Jean-Pierre Ricard, ancien résidant, comme moi, de Sanmaur et maintenant à la retraite. Sa frimousse apparaît sur une superbe photo de groupe d’écoliers de 1949 (http://beyondbrownpaper.plymouth.edu/item/973). Il est cette figure coquine, deuxième à partir de la gauche sur la première rangée. Voilà donc un premier contact avec la faune sanmaurienne. J’ai commenté cette photo, que j’ai dans mes archives, que je présenterai plus tard dans ce carnet, à l’adresse citée. J’y reviendrai.
Tout le monde y semble heureux.
Avent de me lancer dans certaines élucubrations sur les us et coutumes de la population de Sanmaur, il me faudra causer d’un autre toponyme : CHAUDIÈRE, d’après une spectaculaire chute. C’est un autre dépôt de la Brown, situé aussi sur la rive de la Saint-Maurice, à une cinquantaine de kilomètres au nord du mythique village, sans doute plus ancien que ce dernier. La chute semble avoir conservé son allure originelle.


Note - Remarquez, sur la photo, la présence de glaçons.
Le manuscrit original du récit de Guinard, rédigé du 17 février 1944 au 22 juin 1946, est conservé dans les archives du Séminaire Saint-Joseph, à Trois-Rivières. Il est abondamment cité par le Trésor de la langue française au Québec (http://www.tlfq.ulaval.ca/).

samedi 17 novembre 2007

À l'embouchure de la Manouane




Réussirai-je à installer mes photos ?

La traverse à la rivière Manouane - Sanmaur

Dans ma page précédente, l'une des photos montre deux grosses billes de bois s'avançant dans l'eau de la Manouane. Elles y ont été installées il y a plus de 60 ans. C'est sur elles qu'accostait le chaland de la Brown Corporation qui servait à traverser véhicules, animaux et gens sur la rivière Manouane, vers le chemin qui menait au dépôt Chaudière et aux différents camps de bûcherons, de même qu'aux barrages érigés sur la rivière Manouane. Ce lieu d'accostage jouxtait un pont flottant, installé tout juste à côté du pont ferroviaire. Je crois qu'en 1950, on n'employait plus ce pont.
Le frère de ma mère, Steven Lee, m'a raconté récemment qu'en compagnie d'un autre employé de la Brown, il avait été chargé de mener une trentaine de chevaux depuis le dépôt Chaudière jusqu'à Sanmaur, un entreprise titanesque. Le passage dudit pont flottant, m'a-t-il confié, avait été particulièrement mouvementé, voire très dangereux, car les bêtes voulaient boire à même la rivière.
La traverse constituait la limite ouest du village. Le secteur était appelé "Manouane". C'est là qu'étaient installées la St.Maurice Forest et plusieurs familles dont le père était à l'emploi de différents entrepreneurs qui faisaient affaire avec la Brown, où y avaient un commerce.

NOTE - J'annexe ici la photo des deux ponts ferroviaires du Canadien National évoqués plus tôt. Je ne suis guère habile à jouer avec ce blogue : elle n'avait pas suivi mon message !

L'embouchure de la Manouane à Sanmaur





À l’été 1997, un important incendie de forêt a modifié le paysage entourant Sanmaur. Les Amérindiens de Wemotaci avait dû évacuer leur village. Le feu s’était rendu tout près de leurs demeures (http://www.onf.ca/aventures/wapikonimobile/excursionWeb/film.php?id=562)
Les photos que j’ai prises le 21 mai 2006 et le 3 novembre 2007, à partir de la rive est de la Manouane, tout près de l’embouchure de la rivière, en aval du pont ferroviaire du Canadien National, montrent les ravages causés par ce désastre. Dix ans plus tard, il y a encore de grandes superficies dénudées dans le flanc de la montagne.


Note - C’est en examinant de plus près les cartes que je me suis aperçu qu’il n’était pas si simple de distinguer la Saint-Maurice de la Manouane, à la hauteur de Sanmaur. Il y a en effet plusieurs îles. Quand j’étais enfant, j’avais l’impression que nous traversions la Manouane pour aller visiter la petite réserve qu’on appelait « Weymontachingue », alors que c'était bien la Saint-Maurice. J’ai lu ailleurs que la Ruban était un affluent de cette dernière : cela ne me semble pas être le cas. Elle se jette dans la Manouane, tout près de Sanmaur. De la route, on peut très bien voir le pont du CN qui l’enjambe, à quelque 500 mètres de celui qui franchit la Manouane. Étonnant que le Grand Tronc n'ait pas installé la voie ferrée un peu plus au sud : il aurait eu un pont de moins à construire !

vendredi 16 novembre 2007

La Saint-Maurice, à Sanmaur, en 1916






Il faudrait sans doute être un cartographe accompli, un hydrographe expert, pour vraiment distinguer des changements majeurs à l’allure de la Saint-Maurice, à la hauteur de Sanmaur. Illustrée dès 1916 par un photographe du célèbre studio montréalais Wm Notman & Son, la rivière présente sensiblement la même configuration aujourd’hui, du moins me semble-t-il. Ainsi, on y perçoit toujours ces petits rapides, en aval du pont construit en 1995, lequel permet aux Attikameks (les Têtes-de-Boule de mon enfance, que certains et certaines appelaient tout simplement « kawiche », terme méprisant) d’accéder à Wemotaci, lorsqu’ils reviennent de La Tuque par la route forestière 25, entretenue ces jours-ci par Hydro-Québec (http://www.hydroquebec.com/cardc/projet/index.html), qui œuvre à l’érection de deux barrages, dont celui de Chute-Allard. Le bassin d’eau qu’il créera devrait inonder une partie de Sanmaur et de Wemotaci. Les petits rapides mentionnés devraient donc en principe disparaître !
Voici quatre photos du studio Notman, que les historiens du Musée McCord, à Montréal, datent de 1916, environ, ce qui devrait être exact, puisque le chemin de fer du Grand Tronc était déjà rendu à Sanmaur à ce moment-là. La Fraser Brace, compagnie chargée de construire le barrage Gouin, à la Loutre, tête de la Saint-Maurice, y avait déjà fait transporter, par rail, des tonnes d’équipement et de matériaux. Il y a lieu de penser que les habitations que l’on peut apercevoir sur l’une des photos, étaient celles d’employés de la Fraser Brace.
Le musée McCord possède une photo d’un pont ferroviaire, également prise en 1916, sans doute lors du même périple du photographe. Est-ce celui enjambe la Manouane ? Celui de Weymont sur la Saint-Maurice, en aval des petits rapides de Sanmaur ? Dans un prochain courriel, question d’explorer davantage les lieux de mon enfance, j’insérerai des photos récentes de ces deux ponts.


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À l’entrée « ATTIKAMEG », dans l’excellent GRAND DICTIONNAIRE TERMINOLOGIQUE, de l’Office québécois de la langue française, on trouve cette note.
L'Institut linguistique Atikamekw-Wasihakan du Conseil de la nation Atikamekw a rejeté au début des années 1970 le nom français Tête-de-Boule (du nom d'un poisson, cyprinidé : Pimephales promelas) pour prendre comme nom de peuple l'équivalent endogène de ce nom, celui d'Atikamekw (poisson blanc) ainsi orthographié. Cette forme est le plus souvent utilisée dans les textes administratifs en français et en anglais.
De son côté, conformément au principe de l'intégration phonétique, graphique et grammaticale des formes étrangères empruntées en français, l'Office québécois de la langue française privilégie la forme francisée Attikamek en évitant la finale kw, inusitée en français. La forme retenue, nom et adjectif, conserve la même graphie au féminin et au masculin et prend un s au pluriel. Exemples : un Attikamek, une Attikamek, les Attikameks, des travailleurs attikameks, une fête attikamek, des écoles attikameks.
La forme francisée Atticamègue (ou Attikamègue), plus rarement attestée aujourd'hui, demeure une forme historique utile mais ne peut être privilégiée puisqu'elle pourrait désigner, selon certains spécialistes, un autre groupe amérindien que celui des Attikameks.

Lecture conseillée par le carnetier (terme plus élégant que « blogueur » !) Un excellent article de Claude Gélinas sur la traite des fourrures nous permet d’en apprendre davantage sur l’histoire de ce coin du Québec : http://www.erudit.org/revue/haf/1998/v51/n3/005441ar.pdf. Les propos de son entrée en matière n’ont guère vieilli.

dimanche 11 novembre 2007

Situation géographique de Sanmaur


Cet extrait d'une carte récente (2005) produite par Hydro-Québec qui situe exactement Sanmaur, la réserve amérindienne de Wemotaci, les rivières Saint-Maurice, Manouane et Ruban. On y distingue le pont routier qui mène de Sanmaur à la réserve amérindienne et celui qui enjambe la Manouane. On y voit aussi les deux ponts ferroviaires du Canadien National.

samedi 10 novembre 2007

SANMAUR : UNE RICHE HISTOIRE

Sanmaur est situé au confluent des rivières Saint-Maurice et Manouane, juste en face de la réserve amérindienne de Wemotaci, à quelque 115 kilomètres au nord-ouest de La Tuque. On peut s'y rendre par une route forestière très bien entretenue.

Le Canadien National y avait une gare qui a été démolie dans les années 1970, une vingtaine d'années après la fermeture du village. Il n'en reste qu'une espèce de bunker, un abri de béton, où les voyageurs peuvent attendre le train de Via Rail.

Mon intention est d'en donner quelques éléments historiques et sociologiques à partir de photos de famille, la plupart prises par ma mère, Maizy Lee, et par le curé de la paroisse de l'époque, Léopold Lacasse, oblat de Marie-Immaculée. J'ai aussi dans mes archives quelques scènes captées par un photographe de la Brown Corporation. Jusqu'en 1955, Sanmaur était un centre très actif, un dépôt de cette compagnie dont le siège social se trouvait à Berlin, au New Hampshire. Sa population se composait de familles des employés de la Brown Corporation, de celles d'employés de la Canadian International Paper, ainsi que de plusieurs autres, dont le père était à l'emploi d'entrepreneurs forestiers (djobbeurs), d'organismes voués à la protection de la forêt, de compagnies chargées du flottage du bois ou de la régie des eaux, etc. Sans compter les nombreux Amérindiens et Amérindiennes qui habitaient sur les deux rives.

J'invite les anciens résidants à me faire parvenir leurs anecdotes, leurs photos. Si je les utilise, je leur en donnerai le crédit. Quelques-uns l'ont déjà fait. Mon carnet voudrait conserver la mémoire de ces lieux et des gens qui les ont animés.