mardi 20 novembre 2007

SANMAUR : ORIGINE DU TOPONYME


SANMAUR ou SAMMAUR

SANMAUR – Personne ne semble connaître l’origine du toponyme. Selon certaines sources, il serait une déformation de SAINT-MAURICE, contraction phonétique causée par la difficulté éprouvée par les anglophones de l’époque à prononcer le nom de la majestueuse rivière. L’explication m’apparaît bien discutable, car les deux mots faisaient partie de leur vocabulaire. On est loin de la création du néologisme Vandoos– prononcé « vannedouze » –, surnom apparu dans le jargon des militaires anglophones pour désigner affectueusement les membres du Royal 22e Régiment. C’est ainsi que le terme, nullement péjoratif, s’est imposé graduellement au sein des Forces armées canadiennes, jusqu’à être intégré à la base de données TERMIUM, principale référence des traducteurs et traductrices du pays, administrée par le très sérieux ministère Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, à laquelle, ma profession de réviseur m’y obligeant, je suis abonné… Au singulier, un vandoo désigne donc, en anglais, of course, un soldat du 22e Régiment.

À plusieurs reprises, dans ses mémoires, le missionnaire oblat Joseph-Étienne Guinard (1864-1965), écrit SAMMAUR. Cette graphie particulière est reprise dans quelques sites Internet référant au roman de Normande Élie, Sanmaur, paru en 1975. Il y a lieu de penser qu’il s’agit là d’une simple erreur de transcription. Je reviendrai sur cet énigmatique toponyme qu’on retrouve aussi en France et dans certaines langues. C’est aussi le nom d’une rue, quelque part en Louisiane!

La photo illustre l’enseigne de la gare de Sanmaur, démolie, semble-t-il, dans les années 1970. Pas très réussie, je l’avoue, et pour cause, je l’ai captée, à main levée, à partir de l’écran du téléviseur familial tandis qu’y défilait un petit film tourné dans ce village en 1956. Le film montre , entre autres, ne scène dont je me rappelle bien : des bûcherons, tout juste descendus du train de nuit du Canadien National, le « montant », disions-nous, attendent, près d’un autocar, l’ouverture du « main office », pour s’engager au service de la Canadian International Paper, qui vient d’acheter l’usine de la Brown Corporation, à La Tuque, et hérité de ce fait de ses concessions en Haute-Mauricie. Le film, une réalisation de la télévision de Radio-Canada, m’avait été envoyé par Jean-Pierre Ricard, ancien résidant, comme moi, de Sanmaur et maintenant à la retraite. Sa frimousse apparaît sur une superbe photo de groupe d’écoliers de 1949 (http://beyondbrownpaper.plymouth.edu/item/973). Il est cette figure coquine, deuxième à partir de la gauche sur la première rangée. Voilà donc un premier contact avec la faune sanmaurienne. J’ai commenté cette photo, que j’ai dans mes archives, que je présenterai plus tard dans ce carnet, à l’adresse citée. J’y reviendrai.
Tout le monde y semble heureux.
Avent de me lancer dans certaines élucubrations sur les us et coutumes de la population de Sanmaur, il me faudra causer d’un autre toponyme : CHAUDIÈRE, d’après une spectaculaire chute. C’est un autre dépôt de la Brown, situé aussi sur la rive de la Saint-Maurice, à une cinquantaine de kilomètres au nord du mythique village, sans doute plus ancien que ce dernier. La chute semble avoir conservé son allure originelle.


Note - Remarquez, sur la photo, la présence de glaçons.
Le manuscrit original du récit de Guinard, rédigé du 17 février 1944 au 22 juin 1946, est conservé dans les archives du Séminaire Saint-Joseph, à Trois-Rivières. Il est abondamment cité par le Trésor de la langue française au Québec (http://www.tlfq.ulaval.ca/).