dimanche 25 novembre 2007

SANMAUR – LE TOPONYME (ter)

Sanmaur - L'école, le presbytère, l'église, le magasin Thériault, fin d'apràs-midi d'hiver, vers 1953. Photo aimablement retouchée par Paul-Émile Larivière








SANMAUR – LE TOPONYME (ter)

J’ai fouillé vaguement dans ma collection de dictionnaires et j’y ai trouvé deux occurrences du toponyme SANMAUR. Les notices sont de Jean-Jacques Lefebvre (1905-1992), que la préface du Dictionnaire Larousse complet, édition canadienne de 1954, présente comme « lexicologue », « archiviste au Palais de Justice de Montréal, vice-président de la Société historique et de la Société archéologique de Montréal, auteur de nombreuses études d’histoire ». L’entrée sur SANMAUR renvoie curieusement à Saint-Hippolyte-de-La-Croche, où le lecteur n’y apprend pas grand-chose de plus.

Petit aparté - Dans les années 1950, le curé Rainville, de La Croche, petit village sis à une vingtaine de kilomètres au nord de La Tuque, recevait fréquemment la visite de son collègue de Sanmaur, Léopold Lacasse, une énergique organisateur de paroisses, une espèce de curé Corbeil, mais faisant dans le lobbying intensif auprès des multinationales! Il fallait voir le luxe des décorations de son église, la paroisse Saint-Gabriel-Lalemant, nom de ce jésuite que les méchants Iroquois ont occis en 1649, un siècle, à trois années près, avant son camarade de soutane Jacques Buteux. J’ai hérité d’une centaine de photos de Lacasse, un excellent photographe. Je reviendrai sur le personnage qui fit trois quatre voyages avec mes parents dans ces mêmes années.

Les deux notices de Lefebvre seront intégralement reprises dans des éditions subséquentes du Larousse et dans le Dictionnaire Beauchemin canadien, édition de 1968 : Sanmaur y trouvera une certaine pérennité.

PHOTOS – Une vue de la partie de Sanmaur, occupée par les propagandistes du catholicisme romain et québécois alors à son apogée, prise en fin d’après, montre l’école, le presbytère et l’église, et, au centre, à l'arrière-plan, les « maisons neuves » des cols blancs de la Brown Corporation, puis ce que je crois être le magasin Thériault. La photo ne rend toutefois pas justice au talent de Lacasse…

La grotte mariale, tout près de l’école, me rappelle Jean-Pierre Ricard, qui a habité Sanmaur un peu plus longtemps que moi, fut érigée en 1950, par le frère Auger. Quelqu’un saurait-il me donner le prénom de cet être doux, timide? Un type effacé et, comme tous ceux de son rang au sein d’une communauté religieuse, entièrement dévoué au service du prêtre, le manitou [manie tout !] de la paroisse.

Photos : Léopold Lacasse

SANMAUR – LE TOPONYME (bis)



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SANMAUR - LE TOPONYME (bis)

Mes recherches sur les origines du nom SANMAUR demeurent pour l’instant bien fragmentaires.

Dans son premier roman, intitulé SANMAUR, l’auteure, Normande Élie, native de La Tuque, affirme que le toponyme serait d’origine amérindienne. Il ne figure toutefois pas dans la nomenclature de l’ouvrage, assez bien documenté et fouillé, de l’oblat Joseph-Étienne Guinard, LES NOMS INDIENS DE MON PAYS. LEUR SIGNIFICATION. LEUR HISTOIRE (Montréal, Rayonnement, [1960], 198 pages). L’article consacré à WEMOTACI (Weymontachique et Wemontaching) livre quelques détails sur cette réserve habitée par ceux et celles qu’on a longtemps appelés « Têtes-de-Boule ». Guinard y rappelle que le jésuite Jacques Buteux avait été le premier missionnaire, en 1651, à se rendre à ce lieu dont l’histoire, à partir du vingtième siècle, sera liée à celle de Sanmaur.

NOTE
"L'Institut linguistique Atikamekw-Wasihakan du Conseil de la nation Atikamekw a rejeté au début des années 1970 le nom français Tête-de-Boule (du nom d'un poisson, cyprinidé : Pimephales promelas) pour prendre comme nom de peuple l'équivalent endogène de ce nom, celui d'Atikamekw (poisson blanc) ainsi orthographié. Cette forme est le plus souvent utilisée dans les textes administratifs en français et en anglais.
De son côté, conformément au principe de l'intégration phonétique, graphique et grammaticale des formes étrangères empruntées en français, l'Office québécois de la langue française privilégie la forme francisée Attikamek en évitant la finale kw, inusitée en français. […]
La forme francisée Atticamègue (ou Attikamègue), plus rarement attestée aujourd'hui, demeure une forme historique utile mais ne peut être privilégiée puisqu'elle pourrait désigner, selon certains spécialistes, un autre groupe amérindien que celui des Attikameks."

(Extrait de l’article « du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française : http://www.granddictionnaire.com/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp)


Outre-Outaouais, TERMIUM préconise l'usage des termes "Atikamek", en français, et "Attikamek" en anglais !


PHOTOS - Reproduction de la page de couverture du roman de Normande Élie, paru en 1975, à Montréal, aux éditions de Lagrave, dans la collection « Tendresse ». L’ouvrage évoque brièvement le village, l’intrigue se situant surtout au barrage C, sur la rivière Manouane, à La Tuque et à Trois-Rivières.

Le graphisme de la page de couverture du roman est de Normand Lefebvre.

Le barrage C, photographié les 3 et 4 novembre 2007. Les deux maisons évoquées par Normande Élie dans son récit sont toujours là, bellement rénovées par Hydro-Québec. Le barrage C est situé tout près de l’embouchure de la rivière.

Photos de Pierre Cantin