mercredi 30 avril 2008

DES KAKIS EN HAUTE-MAURICIE (BIS)


Ma documentation sur la Haute-Mauricie et son histoire, la grande et la petite, continue de s’accumuler. Ainsi, une courte visite dans ce qui fut, dans une vie antérieure, l’une de mes deux repaires « intellectuels », la bibliothèque Morisset de l’Université d’Ottawa – l’autre ayant été cette petite pièce où j’avais rassemblé les éléments de ma « ferronnerie », une espèce de lieu extra terrestre situé à quelques pas de l’ascenseur, au quatrième étage de ce qui s’appelait alors la Bibliothèque nationale, rue Wellington, dans la grande Hutte-à-Oies, et où j’eus comme voisin l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique, David Lewis, personnage affable et sympathique –, courte visite, donc, qui m’a permis de zieuter une vingtaine d’articles de revues sur les sujets qui occupent les octets de ce carnet.

Pas de grandes trouvailles, donc, dans tous ces articles savants, mais quelques détails et anecdotes qui pourraient ajouter à la substance de prochains épisodes.

Mattawanie, Manouanie (j’ai trouvé le terme dans un essai autobiographique d’une dame qui enseigna à Sanmaur en 1953 et sur qui je reviendrai), Amérindianie, Indianie, Franco-Amérindianie, Iroquoisie, tous toponymes évocateurs et inspirants qui s’ajoutent à la nomenclature des provinces telle qu’établie par l’immense écrivain national Jaques Ferron. Pour l’Admirable Docteur, le Québec est en effet un pays constitué de provinces : la Mauricie, la Gaspésie, l’Abitibi, etc.

Je crois bien que je vais intituler «LATUQUOISERIES» cet autre carnet que j’ai l’intention d’éditer sur La Tuque, où j’ai tout de même passé quelques années de mon enfance et mon adolescence. Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai beaucoup de matière.

Je pourrais faire ainsi le pont avec ma page kaki précédente et la présente, de même qu’une prochaine relation, plutôt une évocation, du seul camp scout que je fis avec la troupe latuquoise en signalant le décès, l’an dernier, de celui qui était son aumônier en 1957, Louis-Philippe Pelletier. La notice est un extrait du bulletin des anciens du Séminaire Saint-Joseph, Le Ralliement.

Pour l’instant, quelques ajouts iconographiques au débarquement de kaki personnages en Mauricie. J'en présenterai d'autres dans le cadre d'épisodes sur Sanmaur et la Manouane.

Lors de cette sortie d'août 1960 du clan routier, nous avions marché tout un après-midi, sous un soleil de plomb, pour nous rendre dans les hauts de la rivière aux Rats. Là, nous étions montés de nouveau dans la boîte à ridelles de notre autocar de campagne, un camion Ford de la Consolidated. En cours de route, le bolide a glissé hors de l'étroite piste. Nous l’avons échappé belle. Personne de blessé : nous avions notre ceinture scoute bien bouclée… Le grand dieu de la route devait être de cette route...



L’aumônier Émile Descôteaux examine la situation : non, le goupillon
ne pourra extraire l'engin de son pétrin. Photos : Pierre Cantin


Nous nous sommes quand même rendus à une vieille cambuse, vétuste installation, à l’embouchure de la rivière aux Rats, où nous avons passé la nuit, à la dure, la hanche posée sur le béton…Le lendemain, nous repartions pour La Tuque, puis Sanmaur.


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SAINT-ALEXIS-DES-MONTS

(MASKINONGÉ)

Quelques réminiscences du deuxième et dernier camp scout de ma carrière de disciple de Robert Baden-Powell, pas le guitariste, mais bien Bipi, fils de pasteur de son état.

[Érection de la porte d’arche principale du camp scout de Saint-Alexis-des-Monts.
De haut en bas, le chef, Jean Villeneuve, les intendants Louis Olivier
et Michel Piché, tous deux de La Tuque. Juin 1960. Photo : Pierre Cantin
Michel Piché, au boulot, dans son intendance, à Saint-Alexis-des-Monts,
juin 1960. Photo : Pierre Cantin

Louis Olivier, attendant un « pouce », le 30 juin 1969, sur la route 19, à Mattawin. Son père fut l’un des propriétaires de la compagnie qui livra, vers 1956, à la population latuquoise, dans des boîtes à images, d'illustres communicateurs comme René Lévesque et Fernand Séguin, sans compter l'ineffable Michel Normandin qui, le mercredi soir, décrivait les match de catch impliquant une bande de gros gars en caleçon se frictionnant le mollet (entre autres, les "bons" Yvon Robert et Larry Moquin infligeant de cuisantes (bien sûr) raclées à de "méchants" étrangers comme Yukon Eric et Vladek «Killer» Kowalski, mais aussi à un traître, le sinistre Bob Langevin), et, le samedi soir, encensait les exploits tricolores des Jacques Plante, Maurice Richard et autres Bienheureux Glorieux de la Sainte-Flanelle affrontant leurs éternels ennemis membres du club des Ailes rouges, dont le magnifique cerbère Terry Sawchuk, le détestable Gordie Howe et son copain, Ted « le Terrible » Lindsay. Photo : Pierre Cantin


À gauche, le
À gauche, le "bon" Yvon Robert livre quelques conseils
pratiques à un coéquipier. Carte Parkhurst de 1956.



Le méchant Yukon Eric , discret de son anatomie, "luttait"
le plus souvent en jean. Ici, il frictionne un catcheur plutôt timide,
un cagoulé sans doute apeuré à l'idée que sa mère le reconnaisse
en petite culotte.
Une autre carte Parkhurst de 1956.
Mon frère Robert et moi en
avions réuni un jeu complet. Il vaut une fortune aujourd'hui.


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LA LOUTRE

Émile Descôteaux et un collègue de travail du STR, Jean Panneton,
alors « maître de salle », en compagnie du chef du clan, Jean Isabelle, et
d’enfants attikamekw, à Obidjuan.
Curieusement, ces derniers
sont « jouqués » sur un tas de dormants.

Il n’y a aucun tracé de chemin de fer dans un rayon d'une centaine de
kilomètres. Il s'agissait sans doute de matériaux récupérés de l'ancien
tronçon Chaudière - La Loutre, construit par la Fraser-Brace et démantelé à la
fin des années 1930.
Photo : Pierre Cantin

[ Au retour d’Obidjuwan, à bord du Wapoose, piloté par lecapitaine Skeene,
vue du barrage
Gouin. Impressionnant plan d'eau. Photo : Pierre Cantin

[ Deux vues du barrage Gouin, août 1960. Photos : Pierre Cantin


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Longue et intéressante conversation téléphonique, l'autre jour, avec Guy Beaudoin, dont le père, Phil Beaudoin, expert mécano en diesel, a habité à La Loutre où il avait marié Paulette Giard, en 1931. Il était donc le beau-frère de Jerry McCarthy. Voici que mon répertoire des ressources humaines sur la Haute-Mauricie d'enrichit d'un précieux ajout. Guy travaille à établir une chronologie détaillée de la vie au barrage Gouin, qu'il a l'intention de me refiler.

NOTES

Hutte-à-Oies – Ce calembour toponymique est du regretté historien Pierre Savard (1936-1998), bêtement décédé d’une erreur médicale dans un hôpital de la grande Hutte. Il était un homme d’une grande simplicité, d’une immense affabilité, d’une disponibilité sans limites, Nombreux furent les coups de fil que je lui ai passés pour qu’il me renseignât sur tel ou tel aspect obscur de l’histoire sociale québécoise à une époque où Internet n’était pas encore accessible. Il m’aura été d’une aide incommensurable dans la préparation de mes éditions ferroniennes.

[http://www2.banq.qc.ca/rfq/savard.htm] – [http://www.crccf.uottawa.ca/fonds/P124.html]- [http://agora.qc.ca/encyclopedie/index.nsf/Impression/Pierre_Savard].

« Pierre Savard, un ancien de la troupe Laval, est l'un des rares historiens québécois à s'être penché sur la naissance et l'essor du scoutisme au Québec. Auteur d'au moins quatre articles sur le sujet [4], Savard ne s'est pas intéressé en premier lieu a la formation offerte par le scoutisme, mais plutôt au contexte et aux facteurs qui ont conditionné son implantation; dans son dernier article portant sur la Route, il accorde cependant une certaine place à la formation religieuse des scouts ainés, membres de cette branche. » - Raphael Thériault

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J’ai eu beau fouiller un peu partout dans mes affaires, je ne suis pas arrivé à retrouver le vieil appareil photo Kodak de ma mère, celui qu’elle m’avait prêté pour la route sur la Mattawin et la Saint-Maurice. Je suis allé voir dans Internet pour y en dénicher une photo. J’ai trouvé ceci.

Je réussissais de meilleures photos avec mon appareil YASHIKA-A; les « portraits » des intendants Piché et Olivier en sont d’éloquentes illustrations. L'appareil s'avérait toutefois fort lourd.


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Énigmatique lien iconographique avec un éventuel épisode de mes Latuquoiseries. Le mystère sera élucidé lors de l’évocation de mon camp de l’été 1957, à Rivière-aux-Rats …musqués. Un indice : l’un des assistants-scoutmestres lors de ce festival de maringouins fit carrière dans la sûreté municipale.